PORTRAIT DE FEMME - PORTRAIT OF A WOMAN


MUNA AL ALAWI une touche féminine dans un monde d'homme

MUNA AL ALAWI a feminine touch in a male environment

 

Muna Al Alawi est Ingénieure en Chef et Directrice de la Production dans la division offshore d’ADNOC, l’une des entreprises les plus importantes d’Abu Dhabi. Dans son bureau de fonction, l’ambiance est stricte et minimaliste. Pas de diplômes accrochés aux murs, pas de décoration, juste une carte des gisements de pétrole et la photo d’une plateforme pétrolière. Madame Magazine a rencontré cette femme exceptionnelle.

Madame Magazine : Pourquoi n’ajoutez-vous pas une touche féminine et personnelle dans votre bureau ?

Muna Al Alawi : « Pourquoi faire ? Tous les ingénieurs travaillent dans des bureaux standards. Il n’y a pas de raison de se distinguer des autres. J’ai juste quelques affaires sur mon bureau ; quelques « souvenirs ». Regardez ! Cette tulipe en bois est un cadeau de Hollande. Mais, chez moi, je préfère une déco moderne.

 

Muna qui a été l’une des premières à bénéficier d’études gratuites offertes par le gouvernement aux jeunes citoyens, est une belle jeune femme. Elle porte l’abaya traditionnelle avec quelques broderies discrètes sur les poignets. Elle s’amuse avec son foulard noir qui couvre ses cheveux avec élégance.

 

M M : Pourquoi portez-vous l’abaya traditionnelle au travail ?

MAA : Parce que j’aime respecter nos traditions locales, notre religion, notre culture que je trouve très «ouvertes» vis-à-vis des femmes. Je me sens mieux dans ces vêtements. Je ne couvre pas mon visage. J’ai une vie professionnelle publique, donc tout le monde peut me voir. Pour mes collègues masculins, ça ne fait aucune différence, pour eux les habits ne sont pas importants. Mais lorsque je vais sur les chantiers, je dois porter une combinaison, des lunettes de protection, et un casque de chantier comme les hommes, pour des raisons de sécurité. Cette combinaison pour les femmes émiriennes a été acceptée par nos autorités religieuses. Maintenant, lorsque je voyage à l’étranger, il m’arrive de porter un foulard de couleur. Je respecte ma religion partout, même à New York ou à Paris. Dans la vie privée, on porte ce que l’on veut…

 

M M : Avez-vous des frères et sœurs qui ont aussi bien réussi que vous ?

MAA : J’ai trois frères et trois sœurs. Mes parents ont encouragé aussi bien les garçons que les filles à poursuivre les études de leur choix. Après le lycée, j’ai obtenu ma licence d’ingénieure chimie à l’université des Emirats Arabes Unis à Al Ain. Grâce au British Council, j’ai pu aller à Edimbourg, pour obtenir un master en sustainable process management. Je dois ajouter que l’ambassade anglaise a fait beaucoup de choses pour les étudiants émiriens. En Ecosse, on m’a beaucoup appris sur la protection de l’environnement et le développement durable, choses très utiles dans mon travail. A mon retour, j’ai été aussitôt recrutée par ADMA. J’étais la première femme « ingénieure Process » à travailler pour ADMA-OPCO, l’une des principales compagnies productrices de gaz et de pétrole offshore dans l’émirat d’Abu Dhabi. M. Ali Al Jarwan, PDG de ADMA-OPCO a été d’un grand soutien et un très bon conseiller pour tous les émiriens et pour moi-même. Ensuite, j’ai travaillé dans la division de planification d'entreprise, où j’ai pu participer aux plans de développement à court et à long terme de l’entreprise, ainsi qu’à leurs futurs projets. Après six ans passés chez ADMA ; j’ai rejoint ADNOC, la compagnie pétrolière nationale.



M M : Quelles sont vos responsabilités professionnelles ?

MAA : Je représente ADNOC lors des conseils d’administration et des réunions techniques offshore qui ont lieu deux fois par an en général. Je participe aussi à des ateliers, à des séminaires plus techniques et à des réunions sur la production et l’innovation. Je représente également les intérêts d’ADNOC dans les conférences du Golfe et les réunions du GCC. La dernière était à Bahreïn. Je voyage beaucoup. J’aime aller à Paris deux fois par an. J’utilise mes compétences d’ingénieure au service du développement durable. Dans mon travail, il nous faut être aux normes des standards internationaux de la protection de l’environnement. Je supervise nos cinq filiales ADMA, ZADCO, ADCO, Bunduq, et Total-ABK, qui ensemble produisent 1,2 millions de barils par jour depuis leurs gisements offshore. Je suis fière de pouvoir participer à ce travail et je suis reconnaissante envers mon pays de m’avoir offert de telles opportunités.

 

M M : Comment arrivez-vous à gérer votre vie professionnelle est votre vie de famille ?

MAA : Il faut savoir équilibrer. Je ne suis pas encore mariée. Même si je passe beaucoup de temps au travail, j’aime ma vie de famille et le temps passé avec mes amis…

 

M M : Peut-être que votre statut effraie les hommes ?

MAA : Peut-être… !! Répond-elle en riant.

 

M M : Vos parents pourraient-il vous choisir un mari comme le font beaucoup de familles émiriennes ?

MAA : Aujourd’hui la plupart des émiriennes travaillent dans la fonction publique. Elles ont le visage découvert. Elles ne restent pas à la maison comme dans le temps. Elles peuvent également choisir leur mari. Mais la famille doit l’accepter. Qui est mieux placé qu’eux pour savoir si le prétendant est approprié, s’il respectera la religion et s’il sera la bonne personne ? En général il vaut mieux épouser quelqu’un de sa propre culture et qui a les mêmes traditions. Quand les femmes épousent un homme d’une autre culture, ou d’une autre société, elles finissent par divorcer. Aux Emirats il y a de plus en plus de divorces. Ce n’était pas le cas avant.

 

M M : Aujourd’hui avec le recul comment jugez-vous votre parcours ?

MAA : Tous les jours je remercie Allah et ma famille pour nous avoir encouragé à étudier, ce qui nous a permis d’être indépendants financièrement. En une génération seulement, grâce à Sheikh Zayed et ses fils, les femmes d’Abu Dhabi ont pu faire des études avec succès. Plusieurs d’entre elles ont des postes importants dans des entreprises privées ou dans les Ministères. Sheikha Fatma aussi encourage les activités pour les femmes. Elle dit « étudier ce que vous aimez, vous trouverez votre carrière ». Ma mère nous disait la même chose. Je leur suis très reconnaissante. Je pense vraiment qu’aux Emirats les femmes ont plus de chance que les femmes dans d’autres pays arabes ou occidentaux…

 

Muna est une femme heureuse dans sa vie, dans sa carrière et dans son pays!



 

Madame Magazine- Why don’t you add a personal and feminine touch in your office?

Muna Al ALAWI -“What for? All engineers work in standard offices. We don’t need to distinguish ourselves from the others. I have just a few items on my desk: some “souvenirs”. Look! This wooden tulip is a gift from Holland. But in my house I prefer modern decoration and design...

Muna, who has been one of the first beneficiaries of free studies offered by the government to the local youth, is a pretty young lady. She wears the traditional black abaya with discreet “broderies” on her sleeves. She plays with her black scarf which covers her hair with elegance.

 

M M- Why do you wear the traditional abaya at work?

MAA -Because I like to respect our local traditions, our religion and our culture which I consider to be very “open” to women. I feel better in those clothes. I don’t hide my face. I have a public professional life, so everybody can see my face.      My male colleagues don’t notice any difference. For them, clothes are not important. But when I go on the yards and on the rigs I must wear a coverall, security glasses and a helmet like men, for security reasons. This coverall for local ladies has been accepted by our religious authorities. Now, when I travel in foreign countries, sometime, I wear a colorful scarf. I respect my religion anywhere, even in New York or Paris. In private we wear what we like....

 

M M- Do you have brothers and sisters as successful as you are?

MAA - I have three brothers and three sisters. Our parents have encouraged the boys and the girls to follow their chosen studies. After secondary school, I obtained my bachelor degree in chemical engineering from UAE University in Al Ain. Thanks to the British Council, I went to Edinburgh where I got a master in sustainable process management. I must stress that the British Embassy did many things for local students. In Scotland, I was made aware about the protection of the environment and sustainable development which are very important in my work. When I came back, I was immediately head hunted by ADMA. I was the first female «Process Engineer» working in ADMA-OPCO, one of the main offshore oil & gas producer company in the Emirate of Abu Dhabi. Mr. Ali Al Jarwan, the CEO of ADMA-OPCO has been very supportive and a very good mentor for all UAE nationals and for myself. Later I worked in the corporate Planning Division where I’ve got more exposure to the company short and long term business plans and future projects. After six years working in ADMA, I joined ADNOC, the national Oil Petroleum Company.

M M- What are your professional responsibilities?

MAA – I am representing ADNOC in Offshore companies Board & technical Meetings which is usually held twice a year. I also participate into workshops and technical seminars in production and innovation meetings. I represent also ADNOC’s interests in the Gulf Committees and GCC meeting. The last one was in Bahrain. I travel a lot. I love to go to Paris twice a year. I bring my engineer competency to sustainable development. In my service, international standards to protect the environment are requested. I supervise our five subsidiaries ADMA, ZADCO, ADCO, Bunduq, and TOTAL- ABK which, all together, produce 1.2 million barrels/day from offshore fields. I am proud to participate in this work and grateful to my country to have offered me such good opportunities.

 

MM- How can you balance family life and profession life?

MAA - Balance is always there, I am still not married. Although I spend a lot of time on my work, however I enjoy my social life with my family and friends...

 

MM - Maybe your high potential frightens men?

MAA -Maybe... !! She answers laughing.

 

MM - Your parents could choose a husband for you as many families do in UAE?

MAA - Today, most Emirati women work in public offices. They show their face. They don’t stay inside the house as before. They also can choose their husband. But he must be accepted by the family - who knows better that anybody if the future husband is suitable and if he will respect religion and be the right person. Generally it is better to get married with a person of one own culture and having the same traditions. When women get married with somebody of different culture or society, they divorce. In the Emirate more and more couples divorce. That didn’t exist before.

 

M M- When you look back, what do you think?

MAA - Every day, I thank Allah and my family who have encouraged us to undertake good studies, which enable us to be, financially, independent. In one generation‘s time, thank to Sheikh Zayed and his sons, Abu Dhabi women have made successful studies. Many of these have important functions in private companies or in the Ministries. Sheikha Fatima, also promotes women’s activities. She says «Study what you want, you will find your professional place». My mother told us the same. I am very grateful to both of them. I really think that in UAE women have more chances than women in other Arab or occidental countries....

Muna is a happy woman in her life, in her job and in her country!